EtCeraTerra-Les Artistes-Clementine DUPRE

La vocation de Clémentine Dupré pour la porcelaine naît en Chine, où elle étudie les rapports ambigus entre le pouvoir politique et la scène artistique contemporaine. A son retour en France, elle quitte l’Université et ses recherches en Anthropologie et intègre les Arts Appliqués à Paris, où elle approfondira son goût particulier pour la forme et la matière.

En 2007, elle fonde son atelier à Ménilmontant, dans le XXème arrondissement de Paris. Clémentine Dupré y développe un décor de gouttes de porcelaine, qui appliquées une à une, précise son goût pour l’accumulation. Elle s’inspire des micro-organismes et de leurs schémas de prolifération.

Elle émerge sur la scène céramique avec une vaisselle tournée, légère et sobre, d’une simplicité sophistiquée aux décors perlés, qu’elle ne cesse de faire évoluer. Ses gammes faites, la pièce unique et l’installation offrent à Clémentine un nouveau territoire plastique. Ainsi naissent les premières « Modulation », représentations de cellules végétales. Puis l’accumulation, toujours plus organique des gouttes de terre confère à son décor un aspect proche du vivant qu’elle met en scène dans les pièces « Microcosme » et « Macrocosme ».

Lors d’une résidence au Japon, durant l’été 2010, Clémentine Dupré est frappée par la diversité chaotique de l’architecture des petites villes japonaises, véritable témoin de l’impermanence, qui souffle sur la conscience nippone. De ces réflexions naissent des architectures de porcelaine et de grès qu’elle nomme « Aleph » et « Système ». Son travail s’oriente vers la sculpture, évolue vers une expression plus brute et voit émerger l’utilisation de l’émail.

Si ses recherches autour du micro-organisme avaient pour cadre l’objet porcelaine, ses nouvelles pièces se réfèrent à l’Humain et à ses schémas d’organisation. Cette approche de la terre offre un aspect plus ambivalent à son travail, à la recherche d’un équilibre fragile du simple au complexe, d’un rythme entre vide et plein. Les angles, les lignes droites, les notions de verticalité et d’horizontalité viennent enrichir son vocabulaire jusqu’alors en rondeur, les architectures, par nature, définissent un territoire d’expérimentation plus vaste.

L’Anthropologie refait finalement surface, comme une écriture en filigrane, dans ses œuvres céramiques. Clémentine Dupré, au-delà des lignes pures ou des matières brutes affirme une démarche artistique dans un rapport d’échelle, qui des arts appliqués à la sculpture, s’empare des préoccupations de nos sociétés contemporaines.